« Ils grandissent si vite » | Sunders

Alanis avait enfin terminé sa journée de travail, c'est donc soulagée qu'elle prit le chemin du retour. Elle avait si hâte d'être dans le confort de son appartement douillet puisque cette journée avait été particulièrement épuisante pour la jeune maman. Plus la grossesse avançait, plus la douce se fatiguait rapidement. Elle s'en rendait compte maintenant qu'elle entâmait son quatrième mois de grossesse. C'était le bonheur, finit les nausées le matin! Bref, la jeune femme sortit du restaurant où elle était chef et passa devant quelques boutiques avant de rentrer chez elle. C'était la folie des fêtes, on pouvait apercevoir plusieurs mamans les mains pleines de poupées et de camions. Alanis craqua et entra dans une boutique où l'on vendait des vêtements pour bébés et elle repartie avec quatre morceaux. Après avoir trouvé quelques jolis cadeaux de Noël pour son homme, la douce prit un taxi et rentra immédiatement chez elle.

Elle retrouva l'appartement vide, comme la plupart du temps. Sunders devait souvent travailler tard, il avait de grosses journées et elle adorait prendre soin de lui quand il rentrait. Enfin, depuis un ou deux mois c'était le contraire, il prenait soin de sa petite femme quand il rentrait et Alanis faisait son possible pour faire sa part. Elle déposa ses paquets bourrés de vêtements de bébé sur la table de la salle à manger et fourra les cadeaux dans un placard. L'envie lui prit soudain de cuisiner un bon petit plat pour son mari, il le méritait bien. Elle mit donc la main à la pâte et sortit son livre de recette personnel pour feuilleter les quelques pages qu'il contenait. Avant qu'elle ne puisse commencer à cuisiner, Alanis entendit une clé dans une serrure tout de suite suivi par un léger déclic. Sunders était déjà rentré? La jeune femme s'étira le cou pour regarder dans le couloir tout en sortant le lait.

« C'est toi chéri? Tu rentres tôt, on a truc spécial ce soir et j'ai complètement oublié? »

Alanis se mit à rire doucement en regardant son mari s'avancer dans la cuisine. Elle posa sa main sur son ventre rond, le bébé lui avait donné des coups toute la journée et il n'avait apparemment pas envi de laisser sa maman tranquille. La belle grimaça un peu puis se laissa enlacer par Sunders.

« Tu sais, tu vas devoir éduquer ce petit parce qu'il ne cesse de m'embêter pendant que je travaille. J'ai essayé de lui dire qu'il fallait pas déranger maman pendant ses heures de boulot mais il n'a pas voulu m'écouter. »

Alanis posa sa tête sur l'épaule de Sunders tout en riant. Avant de se défaire de ses bras, elle posa un baiser sucré sur le bout de ses lèvres et retourna derrière son comptoir. La douce était épuisée mais bien déterminée à faire le souper. Après tout, elle était cuisinière.

« Tu as passé une bonne journée? »

Architecte depuis maintenant plusieurs années, Sunders n'avait encore jamais pu réellement concevoir de grand édifice, c'était une tâche réservée à ses collègues à la renommé nationale - si elle n'était pas mondiale - mais travaillant dans un grand cabinet, il avait prit son mal en patience et ce contentait des petits boulots sans grande envergure qu'on lui confiait en attendant son heure. Sa patience fut récompensée puisqu'il avait été nommé chef de projet il y a quelques semaines et ce n'était pas n'importe quel projet, il devait réaliser un building d'un tout nouveau genre qui trouverait sa place dans l'un des quartiers les plus en vue de New-York. Autant dire que la pression était énorme et les heures supplémentaires en conséquences, passer tant de temps au bureau et ainsi un peu délaisser sa femme le désolait au plus au point mais il gardait le moral en se disant qu'il faisait ça pour eux, pour leur enfant à venir.

Il était prêt de 18h quand Mr. Hammond arriva, pour sa décision cet homme avait la carrière de Sunders entre ses mains, s'il aimait les croquis alors tout irait bien pour l'architecte, si au contraire il les refusait alors Flemming serait sans doute rétrogradé si ce n'est pas viré. A 31 ans Sunders ne pouvait se permettre d'échouer, il ne supporterait de retourner créer et peindre les éléments de décoration des maquettes, comme des arbres par exemple, c'était un travail de stagiaire pas celui d'un architecte. C'est donc d'une poignée de main moite qu'il salua son premier client et dévoila ces plans. Le reste se passa comme dans un rêve, à vrai l'angoisse était telle qu'il déconnecta complètement, il ne reprit pied qu'au moment ou il s'engouffra dans sa voiture pour se mettre à hurler, une façon très personnelle d'évacuer son stress.

***

Ouvrant la porte de son appartement Sunders eu le plaisir de voir qu'Alanis était déjà rentrée et de toute évidence en forme parce qu'à peine était-il entré elle l'assaillit de questions, questions qu'il ignora royalement pour aller l'enlacer. « Tu devrais te réjouir » dit-il dans un sourire « S'il donne des coups c'est qu'il est en bonne santé, les Flemming ont toujours été... Énergique... Il n'y a pas de raison de celui-ci déroge à la règle ». C'est avec tendresse qu'il posa le regard sur le ventre tout juste arrondi de sa femme alors qu'elle s'éloignait vers les fourneaux.

Prenant une grande inspiration, tout fier de lui, il attrapa le bras d'Alanis pour l'entrainer vers le canapé, après tout ce qu'il avait à lui annoncer n'était pas une nouvelle anodine qu'on balance comme ça, il devait ménager l'instant, créer son petit suspense. « A vrai dire oui j'ai eu une bonne journée, une très bonne même ! Je serais le concepteur du tout nouvel immeuble de Staten Island ! Je vais me faire un nom dans mon métier, je gagnerais beaucoup plus d'argent et je pourrais faire ce que j'ai toujours rêvé, me baigner dans une piscine de billet ! T'imagines ? » L'euphorie se lisait sur le visage de Sunders alors qu'il sautillait presque de joie. « Alors, comment tu veux fêter ça hein ? Ce soir tes désirs seront des ordres ! »

Alanis allait retourner à la cuisine quand elle sentit Sunders aggriper son bras pour l'attirer sur le canapé. Dès qu'elle avait vu l'expression sur son visage, la belle avait su qu'il y avait quelque chose de particulier. Il semblait si joyeux, plus qu'à l'habitude. On aurait presque dit un enfant tout excité quand on lui offre un cadeau, Sunders était vraiment beau à voir. Tout souriant, il lui annonça la bonne nouvelle avec fierté. Alanis, toute surprise, poussa un petit cri de joie. Il devait tellement être fier de lui! Tous les petits travaux anodins qu'il avait effectué par le passé avaient enfin eu leur effet auprès de son patron. Sunders allait enfin réaliser un de ses plus grands rêves : concevoir un immeuble lui-même, mettre ces longues années d'études en pratique! Il avait tellement dessiner d'arbres et de fontaines qu'il méritait bien qu'on lui accorde cette promotion. Toute heureuse pour son homme, Alanis s'approcha de lui et se blottit dans ses bras en le couvrant de baisers.

« Je suis si fière de toi! Tu l'as tellement attendu ce moment, créer ton propre immeuble, c'est pas rien! » La belle était souriante, elle avait souvent été fière de lui et l'avait toujours encouragédans ce qu'il faisait. Parfois, il était si découragé, Sunders n'osait plus espérer que son patron remarque son talent et les efforts qu'il avait mit dans son travail. Apparement, tout ça avait été fructueux puisqu'il allait enfin avoir le rôle du concepteur. « J'arrive pas à le croire, quand je passerai devant tous ces immeubles géants, je pourrai me dire que mon mari est le concepteur de l'un d'eux! Tu peux pas savoir à quel point je suis contente pour toi, tu vas enfin faire ce qui te plaît. » Sunders avait toujours été là pour l'écouter quand elle-même avait eu des promotions et qu'elle avait enfin obtenu son poste de chef qu'elle désirait plus que tout, Alanis voulait être là aussi pour lui, lui répéter qu'elle était fière de lui.

Alors qu'Alanis allait ouvrir la bouche, Sunders lui proposa de fêter cette bonne nouvelle. Il proposa d'obéir à ses désirs comme s'ils étaient des ordres. En fait, ça aurait dû être à elle de lui faire plaisir ce soir, c'était lui qui avait eu la promotion. « Tu sais quoi? C'est toi qui a travaillé fort pour en arriver là, alors c'est à toi de te laisser dorloter! Ce soir, c'est à moi d'être à tes ordres, et non le contraire, alors c'est à toi de décider! »